Fondatrice

Rosa Bouchard-Pichard, fondatrice d’Entraide-Deuil de l’Outaouais, est décédé le 28 avril 2005 à l’âge de 74 ans. Au fil des ans, Rosa a su mettre sur pied un organisme qui aide les personnes endeuillées à cheminer dans leur deuil par l’entremise de groupes d’entraide où elles sont respectées dans leur rythme et jamais jugées.

Rosa a elle-même animé près d’une trentaine des groupes d’entraide depuis la fondation d’Entraide-Deuil de l’Outaouais. Aujourd’hui, des dizaines de bénévoles poursuivent sa mission en animant des groupes d’entraide, avec pour seul salaire la satisfaction d’avoir aidé des personnes atterrées à voir La lumière au bout du tunnel (notre slogan) et à reprendre espoir en la vie

Rosa laisse derrière elle un organisme bien vivant, toujours prêt à adapter ses services ou en créer de nouveaux pour répondre de mieux en mieux aux besoins de la population. Par son site web, accessible de partout, il rend disponible de nombreuses informations sur le deuil et ses manifestations. Bref, Rosa Bouchard-Pichard aura légué un bel héritage à l’Outaouais par l’organisme qu’elle a fondé pour s’assurer que le service implanté lui survive. Mission accomplie Rosa!

Lors d’une cérémonie au salon funéraire, le 1er mai 2005, différents hommages ont été rendus à Rosa Bouchard-Pichard et Entraide-Deuil a fait paraître un article dans les médias à l’occasion de son décès.

Hommage à la vie de Rosa, la vie familiale par ses filles Renée et Nathalie

Amour, douceur, dévouement, courage et détermination, voici les qualités que nos souvenirs évoquent lorsque nous pensons à toi, maman.

Du courage… Il en fallait beaucoup pour fonder une famille à l’âge de 39 ans, alors que certains dans ton entourage te le déconseillaient fortement. Tu as pourtant mis au monde ta première princesse (note : Rosa les appelait ainsi) le 12 juillet 1971, seulement 10 mois après avoir épousé papa… Il ne fallait pas tarder, le temps n’était évidemment pas de votre côté. Tu nous as souvent raconté que je suis venue au monde sur une risée, tellement papa avait le tour de te faire rire. Jusqu’à ce jour, tu avais très rarement pris un enfant dans tes bras et tu avais très peu d’expérience. Ton instinct de mère a très vite pris le dessus et c’est pourquoi tu ne pouvais imaginer ta famille complète sans la venue de ta deuxième princesse, Nathalie, qui s’est pointée le nez alors que tu avais 43 ans.

L’esprit de famille a toujours été une valeur importante pour toi, expliquant ton acharnement à réaliser le rêve d’une famille unie. La tâche n’a pas toujours été facile mais, face aux moments des plus difficiles, marqués par l’incertitude et le manque de confiance en toi, tu as trouvé les moyens et l’aide nécessaire pour surmonter les épreuves qui bloquaient ton chemin.

C’est lorsque Nathalie, à l’âge de 7 ans, se plante devant toi avec ses petits poings sur les hanches et s’exclame « Maman, moi je veux vivre ma vie » que tu réalises combien tu es dépourvue face à l’éducation de tes filles et combien tu as besoin d’aide. En réponse au défi que Nathalie venait de te poser, tu t’inscris à un cours de « parents efficaces ». Par la suite, tu découvres en toi un intérêt pour l’étude des comportements et tu décides d’entreprendre une maîtrise en pastorale familiale à l’université Saint-Paul. Cette anecdote démontre bien combien tu n’aimais pas les choses faites à moitié et les gens qui me connaissent seront sûrement d’accord pour dire que ton sens du perfectionnisme, tu me l’as très bien transmis.

Combien de fois nous as-tu exprimé le plaisir que tu éprouvais et quel beau cadeau on te faisait lorsque tu nous voyais, Nathalie et moi, jouer ensemble ou s’entraider dans l’harmonie? Cette semaine, plus que jamais, toutes deux assises à ton chevet durant les derniers instants de cette longue lutte contre la maladie, nous l’avons ressentie cette complicité qui nous unit toutes les deux. L’amour et le respect que nous avons l’une pour l’autre, c’est un des plus beaux cadeaux que tu nous as donné.

Une fois la tâche de notre éducation enclenchée et sous contrôle, maman avait maintenant besoin d’un nouveau défi. C’est alors que commença Entraide-Deuil de l’Outaouais. Maman, tu t’es dépensée sans compter pendant bien des années pour aider les endeuillés en bâtissant cet organisme qu’on connaît tous aujourd’hui et, plus récemment, en écrivant et en publiant ton recueil d’animation. Tu croyais à ce projet et tu l’as mené jusqu’au bout, malgré les nombreux obstacles. Maman, tu es une bâtisseuse acharnée et nous sommes très fières.

Aventurière :

On se rappelle aussi de toi comme une aventurière qui n’avait pas peur des sensations fortes. Et ce goût de l’aventure, tu ne l’as pas perdu avec l’âge, au contraire… Comme tu étais fière d’avoir complété l’escalade des chutes de Dunn’s River lors de notre voyage en Jamaïque, il y a 2 ans. À ton âge, c’était tout un accomplissement, mais pas surprenant puisque tu étais en si grande forme physique. On se rappelle aussi du tour de parachute que tu as pris avec Nathalie au-dessus de la mer lors de notre voyage en République Dominicaine en 2001. Tu aimais tant voyager. Tout ce qu’on te proposait, tu l’acceptais. En 1997, à l’âge de 66 ans, tu acceptes notre invitation et tu te joins à un groupe de 11 filles en destination d’Acapulco. Malgré le fait que tu étais de loin l’aînée du groupe, tu t’étais intégrée sans problème. Ces moments passés en ta compagnie font partie de nos plus beaux souvenirs.

Maman, tu as été une femme extraordinaire. La force, le courage et la sérénité que tu as démontrés face à la maladie et à ta propre mort tout au cours des derniers mois nous ont marquées profondément. Tu auras été notre éducatrice jusqu’à la fin.

Cette vocation que tu as tant cherchée durant ton passage au sein de l’institut séculier, tu l’as définitivement trouvée dans ton rôle de mère, un rôle que tu as joué à la perfection, du début à la fin. Maman, mission accomplie!

Hommage de Gabrielle, sa soeur

Rosa est née dans la petite localité de Laterrière, située à une vingtaine de minutes de Chicoutimi, en auto. Elle est la 14e d’une famille de 16 enfants.

Rosa était une toute petite fille, jolie, vive et enjouée. Elle avait un surplus d’énergie. Il fallait qu’elle crie. Son parrain, mon frère l’abbé Gérard, lui avait appris à crier, en allant à la grange, en courant; elle revenait en criant et en courant. Là, elle était correcte pour un certain temps.

Dès son jeune âge, elle était appliquée et très déterminée. Quand elle voulait quelque chose, elle le voulait. On s’est aperçu que le Seigneur lui avait donné beaucoup de talents. Elle était très brillante. On peut dire qu’elle était souvent 1re de classe.

Dans la famille, elle suivait Laurette, elles n’avaient que 15 mois de différence. Elles se sont suivies beaucoup, même jusqu’à sa dernière maladie et son dernier soupir.

Quand Laurette a commencé l’école, il fallait qu’elle fasse tout ce que Laurette faisait. Donc, elle voulait aller à l’école, mais elle était trop jeune. Pour la consoler, maman avait dû lui acheter un cahier et un crayon pour qu’elle fasse ses devoirs avec Laurette, à la maison le soir. Ma soeur Marie-Paule, qui enseignait à ce moment-là, s’est rendu compte que sa 1re année était faite autant que l’autre. C’est pour cela qu’elle a été inscrite en 2e année. Elles se sont toujours suivies dans la même classe. Elles sont entrées à l’École Normale ensemble. Après 3 ans, elles ont obtenu leur diplôme d’enseignement. Elle a enseigné pendant 4 ans au primaire. Ses cours étaient minutieusement préparés. Elle avait de l’autorité et du succès.

Elle a eu quelques amis, mais rien de sérieux. Après avoir enseigné, elle s’orienta vers la Milice du Rosaire, institut séculier fondé par son frère l’abbé Gérard. Après quelques années, elle quitta, sentant que le Seigneur l’attirait vers une autre mission.

Elle rencontra Albert Pichard et décida de l’épouser. De cette union naquirent deux belles princesses, comme elle se plaisait si bien à les appeler : Renée et Nathalie.

Hommage de Rita McMurtie, une amie

J’ai connu Rosa lors d’une session d’Entraide-Deuil de l’Outaouais. C’était pour moi un dernier recours. Je vivais la perte du 6e membre de ma famille en 2 ans. Je voulais mourir moi-même. J’ai dû suivre 2 sessions de 10 rencontres chacune avant de me remettre. C’est alors que j’ai créé des liens avec Rosa. Elle a été ma ligne de vie.

Après cela, j’étais tellement reconnaissante que je me suis offerte pour l’assister dans son travail et c’est alors que je l’ai vraiment connue. Ensemble, nous avons animé des groupes d’entraide et ensuite, comme elle voulait incorporer l’organisme, afin d’avoir droit à des subventions gouvernementales, nous avons fait un projet de constitution. Nous avons créé le prospectus, nous avons travaillé sur la méthode et le contenu des rencontres et nous avons collaboré à des levées de fonds.

Être ensemble à Entraide-Deuil n’était pas seulement un travail, c’était une mission comme l’a si bien dit Claire, une mission qui nous a permis de devenir de bonnes amies et même des confidentes. J’ai alors découvert une toute autre Rosa. Lorsqu’elle animait des groupes à Entraide-Deuil, elle était forte, sûre d’elle, très compétente dans son domaine. Mais dans l’intimité, lorsqu’on allait prendre un repas ensemble et qu’on se racontait, elle était fragile et pouvait facilement être blessée. J’avais alors toujours le goût de la serrer dans mes bras et de l’assurer que tout allait bien tourner. On avait même de longs moments de silence où l’on se comprenait sans parler et où l’amitié était plus forte que la peine.

Deux événements en particulier ont cimenté notre amitié. Nous avons fait deux voyages inoubliables ensemble : l’un en Terre Sainte et l’autre à Rome et Assise lors du grand jubilé 2000. J’ai dit voyages, mais c’était deux pèlerinages. Nous étions tellement sur la même longueur d’ondes spirituelles, nos visites se continuaient toujours par un partage où l’on approfondissait notre appartenance à Dieu et notre désir d’être de vrais témoins du Christ.

Je me souviens d’un soir en particulier, sur le bord de la mer de Galilée en Israël, à la belle étoile, là où Jésus avait dû marcher, nous n’avions aucune parole pour décrire la paix et la joie que nous ressentions. C’était un colloque à trois, toi, moi et le Seigneur.

On s’était même promis que, lorsque le calme reviendrait en Israël, nous retournerions ensemble. Elle m’a devancée. Elle est maintenant dans la vraie Terre Sainte avec Dieu.

Merci Rosa pour ton amitié, pour ta foi inébranlable, pour ton dévouement. Ta dernière mission sur Terre a été de nous montrer comment faire face à la mort dans la sérénité, la paix et même la joie. Ton exemple te survit.

Hommage d’une amie, Clémence Giguère, o.p.

Rosa a été pour moi une amie et une soeur. Combien de randonnées nous avons faites ensemble sur le bord de la rivière des Outaouais. Nos échanges tournaient souvent autour de notre cheminement spirituel. Souvent, elle me demandait : As-tu un bon livre spirituel à me prêter? Elle était une femme assoiffée de Dieu. Elle était une passionnée de la Parole de Dieu.

En 1980, lorsque j’ai lancé le projet de rencontres bibliques parents/enfants, la famille Pichard était la première inscrite et avait suivi avec intérêt cette session. Rosa a même préparé, avec ses deux filles Renée et Nathalie, un feuillet biblique pour les 9-12 ans et, dans les 5 dernières années de sa vie, elle m’a aidée à animer ces sessions.

Pour marquer aujourd’hui ce rayonnement de la foi profonde de Rosa, qui était une semeuse de la Parole de Dieu, de concert avec elle, j’ai préparé des petits pamphlets bibliques. Nous rendons grâce à Dieu pour tous les dons qu’Il a prodigués à notre soeur Rosa.