Le deuil animalier

Il y a des pertes qui ont plus d’incidences que d’autres sur nos vies. Mais il y a une catégorie de perte qui est souvent accompagnée de jugements. Perdre un compagnon ou une compagne de vie qui a été près de soi quotidiennement, qui a été là quoique l’on fasse attire naturellement de la compassion. On comprend que c’est ce qui mettait de la joie dans son foyer, qui parfois devenait une raison de vivre, qui nous a éveillés au sens de la responsabilité. Perdre son animal de compagnie, c’est bien souvent perdre une partie de notre cœur.(1) Une personne qui perd son animal de compagnie – qui perd son compagnon de vie, son être cher – ressent de la peine, de la colère et de la culpabilité. Nous acquérons un animal soit par amour des animaux, soit pour briser la solitude. Lorsque que notre compagnon décède, nous nous retrouvons souvent replongés dans cette solitude. Le deuil animalier est un sujet auquel la société en général n’apporte pas beaucoup d’importance. Donc, l’individu en deuil se sent rapidement isolé et en peine, sans oser en parler.

deuil animalier

Le programme de deuil animalier s’inscrit dans la mission actuelle d’Entraide-Deuil et « vise le mieux-être et l’autonomie des personnes endeuillées, à la suite du décès d’un être cher, par l’entraide et le partage en groupe et une approche globale du deuil. »

L’être cher est un être qui était un compagnon, un « enfant », un
confident qui vous écoutait sans jugement et sans reproche. Ce chien ou ce chat qui a partagé 10 ou 15 ans de vie avec nous a su combler des vides et a été présent autant dans les bons que les mauvais moments.

Il est difficile de se présenter devant sa famille, ses amis, son
vétérinaire même, aux prises avec une émotion si intense. Il faut être en mesure d’accueillir une telle décharge émotive et il est normal que nous ne soyons pas tous capables de la faire.(2) Devant une souffrance si dérangeante émotivement, les gens autour de nous disent des choses tel que : « c’était juste un chien » ; « tu vas t’en remettre »; « vas-tu en avoir un autre bientôt? », etc.

Les animaux de compagnie permettent aussi de satisfaire aux besoins de se soucier de quelqu’un ou de devoir se soucier et de prendre des responsabilités. De plus, ils empêchent l’arrivée d’un sentiment de solitude et d’égarement.

Les propriétaires d’animaux expliquent encore et toujours, que leurs animaux leur donnent le sentiment d’être utile, d’être là pour quelque chose, de ne pas être seul.

 

Ils aident à surmonter les évènements tristes, en représentant par
exemple une référence vivante à une personne décédée ou en devenant un nouveau centre d’affection.(3)  

Les animaux égayent, amènent quelqu’un à rire, remontent le moral.(4)

Parfois, une sensibilité débordante vis-à-vis d’eux vient compenser
une incapacité à se laisser aller avec les humains. (Gérard Morel,
psychanalyste).

Scientifiquement : En la présence d’un animal, nous produisons de
l’ocytocine, l’hormone de l’attachement, facteur de bien-être, sécrétée dès que nous sommes entourés de gens en confiance.

La relation avec l’animal peut parfaitement combler, jusqu’à un
certain point, nos besoins de fragilité. Dans des moments de déprime, de fragilité, elle peut même être préférée à l’échange avec nos semblables, car face à notre animal de compagnie, nous n’avons pas à préserver une bonne image de nous-mêmes, à faire des efforts. (5)

Alors pourquoi des groupes de deuil animalier ?

Pour en parler avec des gens qui comprennent le deuil animalier.
Pour en parler dans un cadre sécurisé avec d’autres personnes en deuil.
Pour rendre hommage à ce qui a été.
Parce que les gens se sentent souvent seuls et incompris de leur entourage face à cette situation.
Pour se préparer à de nouvelles relations affectives, à la prochaine séparation, au prochain deuil.

Références :

(1) France Carlos, Guide de survie : deuil animalier, Les éditions Broquet, 2008, page 11.
(2) France Carlos, Guide de survie : deuil animalier, Les éditions Broquet, 2008, page 15.
(3) Karène Larocque, psychologue spécialisée en auto-développement, parle de « sous-alimentation affective » 
(4) Dr. Thomas Althaus, http://olljosy.pagesperso-orange.fr/infos/presse/animauxcie_persagees.htm (n’existe plus)
(5) Isabelle Taubes, Pourquoi les animaux nous touchent.