Le temps est propice au changement

Maintenant que tu te sens mieux, que ta concentration est revenue, que l’avenir s’ouvre à toi, que le passé est un souvenir, tu n’es plus soumis aux liens de l’ancienne relation. Fais les ajustements utiles à ta vie. Adopte un autre style de vie, si nécessaire. Tu as plus de temps, prends soin de tes besoins oubliés. Développe les intérêts que tu as toujours voulu.

Essaie quelque chose de nouveau, c’est parfois apeurant et exaltant. Visite de nouveaux endroits. Reprends tes études. Fais-toi de nouveaux amis. Joins-toi à un nouveau club. Redécore ta maison. Apprends ce que tu as toujours voulu savoir ou maîtriser.

Récolte ce que tu as semé au cours de la relation

Le malaise de la perte s’atténue; la souffrance intérieure presque disparue, de longs moments, tu vaques à tes affaires sans penser à la perte de ton amour. C’est le temps propice de récolter les fruits de la relation : de nouveaux centres d’intérêt, un nouveau sport, une nouvelle habileté, une manière de voir, d’entendre, de sentir, un nouveau toi-même.

Fais le bilan des qualités de la personne disparue. Ces qualités, si tu les recherchais dans l’autre, c’est que tu les possédais en toi-même. Maintenant, elles t’appartiennent. Une certaine douceur, une façon de t’affirmer, un nouvel amour d’une musique d’un auteur, une manière de prendre soin de toi, de nouveaux comportements sociaux, etc.

Ne laisse pas partir ton amour sans réclamer ton héritage. Il te reste à rendre actuel en toi ce que tu as aimé, recherché, admiré chez l’autre.

Entoure-toi d’êtres vivants

Tiens-toi en contact avec la vie. En plus de tes amis et de tes parents, ajoute des êtres vivants dans ton espace vital : une nouvelle plante, un chat égaré, le « toutou » que tu as toujours désiré, un poisson rouge, un plat de fruits, la voix de ton (ta) chanteur(euse) préféré(e), une marche dans la nature, un étourdissement dans un centre d’achat

Mon amour perdu, je ne vois plus tes faiblesses

Certains jours, j’ai l’impression que je ne pourrai plus être heureux, je ne pourrai plus aimer, je ne pourrai plus vivre en paix. En te perdant c’est comme si j’avais tout perdu. C’est “l’âme de mon âme” qui aurait cessé de vivre. Pourtant, j’oublie comment parfois j’étais fâché contre toi, parfois je m’ennuyais avec toi, parfois j’aurais aimé faire d’autres activités, parfois je me sentais prisonnier de notre relation (douce prison). Quand je me souviens de nos conflits, de nos affrontements, de nos malheurs et de nos frustrations mutuels, je me sens mieux et j’ai le goût de continuer à vivre.

Être fidèle à un amour

Être fidèle à un amour perdu ne signifie pas que toi aussi tu dois t’anéantir ou disparaître. Si tu veux vraiment être fidèle à quelqu’un et perpétuer sa mémoire, mets-toi en sa présence et demande-lui simplement ce qu’il attend de toi. Laisse-le parler.

Et tu peux être assuré, à la suite de ce dialogue, que tu auras des orientations précises pour ta vie courante. Ton amour perdu te révélera comment il veut que tu l’honores en continuant à vivre, à grandir, à poursuivre les projets communs, etc. Tu apportes déjà avec toi, la sagesse et l’héritage que ce lien affectif profond t’a mérités.

Pour mieux vivre un deuil

Ces petites bouées de la vie!

Au lever, le goût de vivre m’avait quitté. Sur la table du déjeuner, je contemple ma plante verte, être fragile, présence discrète et fidèle. Sur ses feuilles et ses quelques fleurs délicates, j’accroche mon intérieur las et douloureux. À ma surprise, je retrouve le courage d’aller travailler.

Qui a inventé le mot échec?

La vie n’est pas une partie d’échecs. La vie n’est jamais échec et mat. Elle ne s’arrête pas avec une perte d’amour ou une séparation. Le perdant qui s’immobilise, se fige, a peur après un dur coup; aussi continue-t-il à perdre. Tu deviens gagnant si tu réussis à tirer le plus de profit de « l’accident de parcours » que tu expérimentes. Constate les gains : tu te connais mieux, tu saisis mieux la souffrance des autres, tu es plus libre, tu t’ouvres à de nouveaux horizons, tu te sais moins parfait, tu permets aux autres d’être moins parfaits, tu découvres les sentiers de la guérison. Tu ressembles à ce savant qui fait une découverte scientifique importante en se trompant de formule chimique. Tu es le peintre qui, à partir d’une tache, peint un chef d’œuvre. Tu es le musicien qui compose sa symphonie sur un accord dit « faux ». Il n’existe pas d’erreurs ou d’échecs sans espoir; la vie ressuscite toujours de la mort.

Gâte-toi

L’enfant qui n’est pas bien a besoin d’être entouré. Le malade physique acquiert des droits spéciaux : être alité, nourri, soigné, sans compter les petites douceurs occasionnelles. Toi qui es blessé émotionnellement, tu as droit à un traitement singulier; n’attends pas qu’on prenne soin de toi; prends l’initiative. Voici quelques suggestions : des bains chauds avec des huiles marines, des massages que tu donnes ou reçois, prépare tes nuits avec musique et lait chaud, achète-toi un cadeau, pure fantaisie, fais-toi donner une coupe spéciale de cheveux, pars en voyage, lis un bon livre, achète-toi un vêtement que tu as toujours voulu, dis « oui » à tes caprices pour en jouir en toute quiétude. Ça fait partie de ta guérison.

Repose-toi maintenant

Tu es en convalescence. Repose-toi. Dors encore plus qu’à l’ordinaire. Planifie ta journée en y insérant des moments de détente, de petites siestes. Des couchers plus tôt. Des levers plus tard.

Ton organisme a besoin de repos pour se refaire. Ne le pousse pas à bout. Évite les situations qui demandent un engagement émotif. Ne fréquente pas les personnes qui ont trop besoin. Ne t’expose pas à des spectacles trop dramatiques. Choisis la sorte de travail qui calme les émotions, tout en étant productif. Demande de l’aide pour les tâches trop pénibles.

Laisse-toi vivre ce que tu as à vivre

Pour un certain temps encore, tu peux te sentir déprimé. C’est correct de ne pas jouer à la personne pleine d’enthousiasme ou plein d’énergie. C’est bien pour toi de te protéger. Pleurer procure un effet de purification et de détente. Tu t’ouvres peu à peu à l’expérience de tes émotions. La nature d’une émotion, c’est de se mouvoir, de changer, de se transformer. N’entretiens pas un même climat émotionnel (tristesse, colère, joie, etc.). Arrête-toi, concentre ton attention sur ton agitation intérieure jusqu’à ce qu’elle s’apaise. Laisse tourner la danse des émotions en toi. Vis-les et puis laisse-les s’évanouir. Le flot de la vie se renouvelle sans cesse.

Je suis sur la bonne route

Je rumine moins à l’intérieur. Je suis moins vulnérable. Je peux admirer les beaux paysages. Ma pensée devient plus claire, mon jugement, plus sûr, mes sentiments, plus stables. Je commence à éprouver de la joie à aller travailler, je découvre des aspects de la vie jamais perçus auparavant, je reconnais certains visages qui n’avaient plus d’expression, je prends davantage goût à la vie et à ces petites surprises quotidiennes. J’ai déjà envie de partager ma joie nouvelle. À travers moi, une vie insoupçonnée commence à poindre.

​Faire confiance à nouveau

Peut-être, t’es-tu déjà dit : « Jamais, je ne pourrai aimer à nouveau. » Tu as été ébranlé: maintenant tu as grandi ; tu te connais mieux et tu sais mieux comment tu te relies aux autres. Demeure ouvert aux autres, aux nouvelles idées, aux nouvelles expériences. Tu as dépassé le temps de te « prouver » que tu étais aimable après le choc de la rupture. Maintenant que tu sais que tu es aimable; tu n’as rien à prouver; tu n’as qu’à accueillir les personnes qui se présentent à toi. Redécouvre tes voisins, tes compagnons de travail. Sors de chez toi, va au concert, frotte-toi au monde. Joins-toi à un groupe sympathique. Invite des gens à prendre un café. Échange des renseignements, des services. Écoute; les gens aiment tellement parler d’eux.

Les fruits de la perte

La peine n’a pas de sens sans l’héritage. Ton départ a mis à nu mes besoins, mes attentes, mes déficiences, ma dépendance. Je ne pensais pas pouvoir vivre sans toi. Maintenant, que je t’ai laissé partir, je me retrouve seul mais plus complet. J’ai appris à aimer la musique que tu aimais, je me surprends à contempler ce que tu contemplais, je m’éveille à tes centres d’intérêt, j’ai commencé à faire la cuisine, j’ai commencé à travailler le bois. J’ai compris que je pouvais m’aider, me nourrir, me supporter seul. J’ai moins besoin de toi pour me sentir grand. Je suis moins la moitié de toi, si chère fut-elle. Ce que je t’attribuais de qualités, je les avais en moi, inconsciemment, en creux, en manque, en potentiel latent. Par ton absence, survient une grâce soudaine : les creux prennent forme, les lacunes se comblent, je suis plus conscient de moi et de mes capacités. Je me suis enrichi à cause de toi.

Un sourire intérieur

En moi, un grand sourire s’amorce, se met à vibrer, prend de l’expansion, s’anime dans le silence, s’irradie dans tout mon être, éclaire ma vie parce que j’ai aimé et j’ai le goût d’aimer encore.

Je m’étais cru inaccessible

J’avais barricadé mon coeur. J’avais engourdi mon corps. Je m’étais coupé de mes émotions. Par instant, ce pouvoir sur moi m’enivrait, m’exaltait. J’étais maître absolu de moi-même, maître de ma souffrance, maître de mes malheurs. J’étais une sorte de héros inaccessible, un dieu insensible. Ma tête conduisait toute ma vie. Dans cette atmosphère éthérée, j’étais libre.

Puis un jour, ma tour de glace a craqué, ma rigidité a flanché, mes certitudes ont été ébranlées. Un grand vertige s’est emparé de moi. J’ai eu peur. J’avais besoin. J’étais petit. Je pleurais. Je grelottais. dieu noblesse, grandeur, divinité, j’étais redevenu moi-même.

Lui pardonner

Pardonne-lui d’être parti, d’être parti trop tôt, d’être parti sans t’avoir dit adieu, d’être parti sans t’avoir informé, d’être parti avec ses promesses non accomplies, d’être parti avec une partie de ta vie, d’être parti avec le monde de tes rêves d’avenir.

Me pardonner

Je voudrais me pardonner : d’être fragile, d’être imprudent, de penser m’être trompé, d’être sensible à l’amour, de ne pas tout prévoir et calculer, d’être douloureux parfois, de faire des rêves impossibles, de me retrouver frustré et seul, de recommencer à aimer. En un mot, je voudrais me pardonner d’être humain.

Sois accueillant avec toi-même

Reçois-toi au moins avec la même gentillesse que tu montrerais pour un ami malade. Sois très accueillant et hospitalier avec toi-même. Accepte pour un certain temps de ne pas fonctionner aussi efficacement qu’auparavant. Tu as été bouleversé et parfois même foudroyé par une perte.

Comme un blessé en convalescence, va lentement, évite les situations pénibles, les prises de décisions trop importantes, les personnes en déficience affective. C’est temporaire, tu reviendras peu à peu dans le circuit normal. Surtout, ne te blâme pas, le passé n’est plus. Tu as fait alors ce que tu croyais être le mieux pour toi. Il n’y a pas d’erreurs passées, mais des événements qui peuvent t’apprendre à mieux vivre.

J’étais pressée

J’arrivai dans la cuisine en toute hâte, vêtue de mon plus beau tailleur, préoccupée de me préparer pour une réunion en soirée. Gillian, ma fille de quatre ans, dansait en écoutant une vieille chanson qu’elle aime beaucoup : Cool, la chanson titre du film West Side Story.

J’étais pressée, presque en retard. Pourtant, une petite voix intérieure me disait « Arrête-toi ». Je m’arrêtai donc. Je la regardai. Puis je lui pris la main et la fis tourner. Ma fille de sept ans, Kathleen, se joignit à nous et je la pris par la main elle aussi. Toutes les trois, nous fîmes quelques pas de boogie-woogie à travers la salle à manger et le salon. Nous riions. Nous tournions. Les voisins voyaient-ils nos folies par la fenêtre? Aucune importance. La chanson se termina et je leur tapotai les fesses en leur disant d’aller prendre leur bain.

Elles montèrent l’escalier en riant fort, essoufflées. Je retournai à mes affaires. L’instant d’après, pendant que je fouillais dans la paperasse de mon attaché-case, j’entendis la plus jeune dire à sa soeur : Kathleen, on a la plus bonne des mamans, hein?

Je figeai sur place. Dans ma hâte, j’étais passée à deux cheveux de manquer ce moment. Je songeai aux distinctions et aux diplômes qui couvraient les murs de mon bureau. Aucune distinction, aucune réalisation ne pouvait se comparer à celle-ci : On a la plus bonne des mamans, hein?

Ma fille avait quatre ans lorsqu’elle prononça ces mots. Je ne m’attends pas à ce qu’elle les dise encore à l’âge de quatorze ans. Mais à cinquante ans, lorsqu’elle se penchera sur mon cercueil pour faire ses adieux à l’enveloppe libérée de mon âme, je veux qu’elle les dise encore. On avait la plus bonne des mamans, hein?

Cette phrase ne figure pas dans mon curriculum vitae. Ce sont ces petites choses de la vie qui ont une valeur inestimable.